1. Suivis permanents
Nous participons depuis nos débuts au suivi de transects permanents installés au début des années 2000 par des équipes de chercheurs précurseurs dans le suivi des populations de gorgones. Ces transects permanents installés dans plusieurs Aires Marines Protégées permettent un suivi précis des populations de gorgones rouges (Paramuricea clavata) et gorgones jaunes (Eunicella cavolini). Chaque colonies est identifiée, il est alors possible de suivre sa croissance et l’évolution des nécroses entre les différents suivis. Ces suivis permettent également de suivre d’éventuels recrutements ou la mortalités de certaines colonies. En parallèle la réalisation de photoquadrats permet de suivre l’évolution dans le temps des communautés associées fixées (e.g. bryozoaires, algues encroûtantes et érigées, éponges, annélides, cnidaires).
Transect permanent permettant le suivi à pas de temps régulier d’une
population de gorgones rouges et des espèces fixées associées.
Photoquadrat permettant le suivi des populations d’organismes fixées associées aux gorgones.
2. Suivi de la santé des populations
La réalisation de suivis de la santé des populations de gorgonaires est réalisé à la fin de l’été au sein du Parc national des Calanques le long du gradient de profondeur. Ces suivis consistent au recensement des nécroses récentes et anciennes au sein des populations le long du gradient bathymétrique et permettent de détecter d’éventuels épisodes de mortalité. Lors d’épisodes de mortalité nous densifions les suivis afin de recenser l’ampleur de l’événement de manière plus précise.
Suivi de l’état de santé d’une population de gorgone rouge (Paramuricea clavata).
3. Suivi des événements de mortalités massives (Mass Mortality Events – MMEs)
Lors des épisodes de mortalité massive, nous nous mobilisons afin de recenser l’impact sur les populations de gorgones et sur les communautés associées. Ce fut par exemple le cas en 2022 qui a été marqué par une vague de mortalité massive historique. Afin de recenser l’impact de cet événement nous avons effectué des plongées de suivis sur 26 sites du Parc national des Calanques et des dizaines de sites situés dans le Parc Marin de la Côte Bleue, le Parc national de Port-Cros et la Réserve Naturelle de Scandola.
Les données transmises par les gestionnaires de différentes Aires Marines Protégées et par les équipes de recherche partenaires sont compilées avec nos données afin d’offrir une analyse plus large à l’échelle de la façade méditerranéenne française.
Colonie de gorgone rouge (Paramurice clavata) ayant subi un épisode de mortalité massive.
La colonie a nécrosé et le squelette se retrouve à nu.
2022 : une année frappée par un épisode de mortalité massive (MMEs) historique
Le réchauffement climatique impacte fortement les écosystèmes marins du monde entier, et c’est d’autant plus vrai en Méditerranée, qui constitue un « point chaud » de biodiversité, mais concentre également les effets du changement climatique. En 2022, l’ensemble du bassin méditerranéen a été frappé par une vague de chaleur marine record, qui a persisté quasiment sans interruption d’août à octobre 2022. Cette vague de chaleur s’est concrétisée par des températures supérieures à la moyenne au niveau de la masse d’eau superficielle (0 à 30 m), persistantes durant cette période. Elle a eu des impacts dramatiques sur le coralligène, une biocénose endémique de Méditerranée qui comprend notamment des éponges et des anthozoaires tels que le corail rouge (Corallium rubrum) et les gorgones rouges (Paramuricea clavata), blanches (Eunicella singularis) et jaunes (Eunicella cavolini).
Au sein du Parc national des Calanques ce sont 69% des colonies de gorgones rouges (P. clavata) qui ont été touchée par cette épisode de mortalité massive entre la surface et 40 m de profondeur.
Publication scientifique associée : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/gcb.16931